Voici le second volet de la réflexion sur les RSN, « antagoniste » par rapport au premier. Il est développé par Serge Proulx, professeur associé à ParisTech et à l’Université du Québec, Montréal. Le regard est critique…
RSN, entre le technique et le social
Selon lui, les réseaux sociaux ont fait l’objet de recherches depuis les années 1950. Ces recherches ont tout de suite postulé que les comportements individuels et sociaux ne relèvent pas seulement des attributs individuels des personnes (âge, sexe, niveau de revenus par exemple) mais de systèmes de relations dans lesquels les comportements individuels prennent sens. La nature des relations interindividuelles peut être variée : échange de services, échanges de perception et d’évaluation interindividuelles, expressions d’amitié, amour, respect, hostilité, inimitié…
Le transport ?
Par ailleurs, d’abord, il ne faut pas confondre les réseaux de transport physiques (d’eau, d’électricité) et le tissu social humain organisant des échanges sociaux de type affectif, intellectuel. Puis, il faut noter la création d’un nouveau réseau de transport physique, le réseau numérique. C’est-à-dire la réduction de toute information en séquence d’impulsions électroniques permettant la convergence d’une technologie de l’information (télécommunication) et celle du traitement de signaux (l’informatique), via l’Internet. Les RSN enchevêtrent donc une dimension technique et une dimension sociale.
Les RSN pris dans un fatras, l’ « overload » : abus d’affichage
Les RSN ne sont qu’une forme parmi d’autres de nouvelles manières de communiquer, appelables les « médias sociaux ». Ces médias sociaux relèvent soit de médias traditionnels lourds, industriels (radio, télé, cinéma) soit d’une communication médiatisée par ordinateur (CMO) : le courrier électronique, la messagerie instantanée. Auxquels s’ajoutent les blogs, les sites de RSN (Facebook etc.)
Les médias sociaux s’insèrent dans un environnement que les médias lourds traditionnels saturent déjà. Les chercheurs emploient les expressions information overload et communication overload. A quoi peuvent donc servir les RSN dans cet environnement ? Les RSN invitent les individus à s’afficher dans un processus où les messages des autres deviennent l’objet d’une monétisation.
Le courriel était d’abord professionnel puis ses utilisateurs se sont aperçus qu’il pouvait avoir une dimension intime. Il a transformé la vie, familiale, citoyenne, communautaire, voire culturelle. Mais le courriel est arrivé à un point de saturation avec les spams. Le chercheur Richard Harper (2010) a placé le courriel dans un fil sociohistorique long, partant de la lettre papier. L’intimité épistolaire s’est poursuivie dans le courriel. La communication interpersonnelle intime est passée du courriel au blog, qui a apporté une dimension supplémentaire, celle de pouvoir parler à plusieurs interlocuteurs.
Monétisation du travail des usagers
Pourquoi les gens se sont pris d’engouement pour l’affichage de soi via les outils numériques ? C’est une affaire d’économie, de nouvel environnement économique. Le but des RSN serait le « discours promotionnel de firmes propriétaires ». Ce discours invite à construire des cercles d’amis facilités par la « présentation de soi » et l’organisation d’événements. Nous serions dans une « architecture de participation » postulant l’usager dans un double mouvement de mobilisation et d’accroissement de son capital social. Derrière cet « affichage » existerait un modèle économique pervers.
Des travailleurs non rémunérés...
Les RSN sont un « business model » : les usagers s’impliquent en fournissant des contenus. Les « consommateurs » développent un inconscient consommateur derrière une image valorisante de producteurs, de participateurs (produsers, ou ugc users-generated contents). L’usager travaille mais sans être payé. Quel est ce travail ? Il s’agit de construire et de modifier son profil en y insérant toujours plus d’éléments personnels. Il s’agit de commenter les profils de ses contacts, de les inciter à consommer des produits culturels préférés, recommander des achats (« faire suivre cette page à un ami »). On fait des remarques sur les produits : textes, photos, vidéos.
et dépendants...
Les usagers passent du temps sur les RSN sans se rendre compte que c’est ce que l’on attend d’eux. Dépendance au travail gratuit par la fausse gratification de l’égo. Tout cela est « accaparé, marchandisé, et monétisé par les firmes propriétaires des plateformes ».
Les contenus créés induisent un « flux informationnel dynamique » d’échanges et transactions. Sans les utilisateurs les RSN n’existeraient pas :
Si, par exemple, par un contrecoup de rumeurs négatives persistantes ou par l’effet d’un scandale monstre, les 900 millions d’inscrits sur Facebook se retiraient, ce réseau disparaîtrait du fait même de son absence de membership (adhésions).
Les RSN sont des géants aux pieds d’argile très dépendants de leurs usagers.
Rien ne se perd, tout est récupéré
Un second aspect économique des RSN récupère la valeur du travail des usagers. Il s’agit d’une « surveillance économique ». Les renseignements personnels sont systématiquement collectés par les robots ainsi que les traces de navigation sur les plateformes. L’usager croit se « promener » librement mais les logiciels et l’architecture des interfaces captent les données transformées en « métadonnées ». Les utilisateurs sont des « data providers ». Tout est collecté : le choix de pages dans les sites, les « j’aime » (« liker »), les activités contributives sur les profils, les interactions entre contacts, les achats… tout est collecté et conservé. Il ne s’agit pas de développer une paranoïa, de craindre un Big Brother, car ce n’est qu’économique. L’on est fiché mais comme « profil de consommation » pour un « ciblage publicitaire pointu ». Ce sont de nouvelles pratiques de marketing qui dégagent d’énormes profits.
Capitalisme de XXIe siècle
Le début du XXIe siècle voit se constituer un « capitalisme informationnel » par recours aux technologies numériques. Il fonctionne sur la loi du grand nombre (crowdsourcing), l’accumulation de l’information et de la connaissance. Les sciences humaines ont un nouvel objet d’étude : l’ « économie de la contribution », le « capitalisme cognitif ». La connaissance et la créativité naissent de la « coopération de cerveaux réunis en réseaux au moyen d’ordinateurs ». Une autre interrogation sur les RSN peut être soulevée avec la notion de marketing viral. Quel virus, quel danger ? La viralité est ici un mécanisme interpersonnel connu (le bouche à oreille) associé au phénomène de réseau. Les journalistes ont été les premiers à critiquer les réseaux comme des « machines à rumeurs », rumeurs économiques en tout cas. Le réseautage est plus viral que les spams de messagerie car le bouche à oreille s’appuie sur la « pression bienveillante des pairs ». Un « ami » a cliqué « j’aime » et l’on va y voir et sur une architecture invisible, celle des algorithmes.
Le pouvoir des algorithmes
Observation nécessaire des plateformes logicielles. L’interface qui se présente à un usager n’est pas un phénomène ou environnement naturel. C’est le produit d’une construction qui a impliqué des « designers », des informaticiens, des spécialistes en marketing, les commerciaux des firmes. Les logiciels contraignent plus qu’ils n’offrent un champ réel de création, découvertes. Le noyau est l’algorithme. Un système de calcul qui procède à une suite d’opérations logiques. Il a des instructions logiques qu’il applique des milliers, des millions de fois avec une efficacité totale.
PageRank et EdgeRank
Que fait-il ? Par exemple, quand on interroge un dictionnaire, il produit par le calcul des pages, des mots, la définition, instantanément. L’algorithme « le plus sophistiqué » est le « PageRank ». Il fonctionne à plein pour Google. Exemple : l’on souhaite dans un moteur de recherche obtenir un item (élément d’un ensemble) de savoir ou d’information et Google se présentera d’emblée (il paie pour sa position de leader) et offrira des réponses liées à des fournisseurs d’items qui l’auront payé, lui, le plus cher. Dans la page, au premier rang, la réponse du fournisseur le plus offrant dans un contrat fournisseur-Google. Autre exemple : Facebook possède un algorithme intitulé « EdgeRank ». Il détermine l’ordre des contacts amis et des items de contenu sur les profils des utilisateurs. Les items de contenu peuvent être la mise en ligne d’une photo, le commentaire sur une photo (« je like » ou pas), le conseil vers hyperlien. Chaque geste interactif d’utilisateur crée un item de contenu appelé « edge ».
Les critères de calcul
L’ordre d’apparition des items est le produit d’un « score » (résultat chiffré) appliquant trois critères :
la mesure d’affinité avec les contact. Si un utilisateur aime une photo postée par un ami, les items créés par cet ami auront la priorité sur tous les autres
l’importance des items de contenu (« edge weight » : « si un utilisateur visite quotidiennement les photos de plusieurs de ses amis, l’item photo aura moins de poids car il n’est pas motif de surprise)
la mesure de fraîcheur : une information récente a plus de poids que la précédente, même si la récente est insignifiante.
Qui choisit ?
L’algorithme détermine les choix futurs, il renforce les contacts déjà connus par rapport à l’entrée de nouveaux contacts, possiblement plus intéressants, mais pas calculés. La « couche logicielle des algorithmes » est le cœur d’un pouvoir financier invisible dans la société de l’information actuelle. Dans Facebook, la firme peut interférer à tout moment dans le processus pour promouvoir certains items (logos d’entreprises amies par exemple).
"Plusieurs de nos clients..."
Il existe des algorithmes « enfouis » plus profondément qui induisent des interactions automatiques entre leurs programmes et des bases relationnelles de données., processus M2M, de « machine à machine ». L’on manifeste des goûts touristiques ou musicaux qui sont orienté vers des bases de données de vente. Dans Amazon, on reçoit des messages du type : « Plusieurs de nos clients ayant acheté cet ouvrage ont aussi acheté ceux-ci ». Pas d’interaction humaine, de simples rapprochements robotiques. 3 interconnections automatisées : le profil client ; une base de comportement d’achats ; une base d’inventaire des produits de l’entreprise. Résultat : plus 30 % de chiffre pour Amazon.
Les classements ou les listes hiérarchisées d’items par les algorithmes conduisent les usagers vers des comportements d’achat, des prises de décision ou des contributions comme la rédaction d’articles pour les encyclopédies en ligne par exemple. Le pouvoir algorithmique n’est pas pyramidal mais un corps constitué de structures internes, immanentes. L’usager a l’illusion de se promener où bon lui semble et de créer, tandis que le lien social perd de sa consistance, risque d’être superficiel. Cela rappelle à l’auteur la distinction opérée par Régis Debré entre communication (faire connaître superficiellement) et transmission (entre les générations et dans la profondeur du temps).
Reproduction de disparités sociales
Facebook apparaît en 2004 dans un contexte déjà occupé par MySpace et Friendster), mais en 2006 Facebook est passé de club d’étudiants d’Harvard à celui de plusieurs universités américaines, puis au grand public, en septembre 2006. La chercheuse Danah Boyd a étudié les réseaux sociaux du point de vue sociologique à travers leurs usagers. Facebook était un « lieu » pour hegemonic teens (adolescents favorisés) alors que MySpace relevait des subaltern teens plongés dans « l’esthétique du hip hop et des garage bands » recrutant les milieux populaires latino-hispaniques, les « marginaux ». En 2007, MySpace est considéré comme un lieu dangereux, tandis que Facebook plutôt sécurisé. Même type de clivage dans l’armée, entre les officiers et les hommes de troupe. Les plateformes ont donc des « cultures d’appartenance » liées au « style de vie liés à des origines socioéconomiques » en Amérique du nord. Les spécialistes de marketing n’ignore pas cela et pratiquent des méthodes de ciblages adéquats.
Usages privés et professionnels : amis d’amis pas fiables, le week-end…
Il y a enchevêtrement du privé et du public dans les plateformes et la frontière juridique est floue. Exemple d’une décision judiciaire, en France, en 2010. Le 19 novembre, le conseil des prud’hommes de Boulogne-Billancourt donne raison à la société Alten opposée à deux salariées licenciées pour « dénigrement de l’entreprise ». Pourquoi ? Un week-end, les deux salariées en question, ont tenu des propos négatifs concernant leur entreprise et certains salariés, mais dans un paramétrage semi-public, c’est-à-dire ouvert aux amis d’amis. L’avocat des deux salariées posait la question : « Comment soutenir que le respect de la vie privée n’a pas été violé alors que tout prouve qu’il s’agit d’une correspondance privée, écrite un samedi soir, en dehors du cadre du travail et sur du matériel privé ? »
Parmi ces amis extensifs se trouvait une autre salariée qui a dénoncé les propos à la direction. Les prud’hommes ont invoqué le fait que les deux salariées ne pouvaient pas s’appuyer sur la violation de leur vie privée puisque le paramétrage – faisant l’objet d’explications dans les documents contractuels de Facebook – était dans ce cas en partie ouvert au public, quel que fût le lieu (privé), les machines (privées), les destinataires (confidentiels ET semi-publics).
Le journaliste François Bourboulon Les Echos, novembre 2010) : « mes amis sont mes amis, mais les amis de mes amis peuvent parfois être mes ennemis, donc autant anticiper les risques. » Avec le paramétrage par cochage ou décochage de case, manipulations rapides et mais subtiles, il est facile de se tromper et de s’adresser à toute le monde…
Et la géolocalisation, ajoute à ce problème éthique de destinataires des messages. Les paramètres présentent la possibilité de savoir en permanence où se trouvent les amis, même si ceux-ci ne sont pas connectés, là encore par système de cochage/décochage. Il ne s’agirait pas de surveillance, mais de « sousveillance » amicale. Est-il moral de pouvoir / vouloir suivre ses amis partout où ils sont / vont ?
Enfants… mais aussi adultes en danger…
Les dispositifs de RSN ont été critiqués par les journalistes mais le sont aussi par les enseignants et des parents impliqués. Ce sont les enfants qui sont les premiers touchés par les informations qu’ils publient en profil. Quels sont les dérapages possibles ? 1/ Le cyberharcèlement : un enfant peut être victime d’attaques malveillantes dirigées vers lui ou à propos de lui par un groupe d’enfants malveillants suiveurs d’un meneur 2/ La prédation sexuelle 3/Le vol d’identité : nom et photo peuvent servir à une « piraterie 4/ Le bombardement publicitaire rendant l’enfant incapable de discerner gratuité et commerce. Il faut savoir qu’une addiction aux RSN est déjà une surconsommation ou cyberdépendance.
Les adultes ne sont pas plus protégés que les enfants : 1/ Une exhibition de soi peut engendrer un congédiement professionnel 2/ Les sites de rencontres présentent des criminels sexuels ou financiers 3/ Les ruptures amoureuses avec des « ex » mal quittés génèrent chez certains de ces derniers des malveillances relevant du délit ou du « crime » numérique passionnel (photos compromettantes, discours calomnieux, piraterie). Dans les meilleurs des cas, les malveillances relèvent du marketing, dans les pires, du harcèlement ou délit attentatoire. Les RSN entraînent vers de faux sites ou de faux groupes Facebook. On n’est jamais trop prudent envers les « intrus » des RSN mais aussi envers les RSN eux-mêmes.
Attention aux « Déclarations des droits et responsabilités » comportant plusieurs pages en police de taille 8 ou 7…
En général, l’internaute pressé de bénéficier des avantages de la navigation amicale, de rejoindre leurs heureux amis sur le réseau, ne lit pas les conditions d’utilisation et « coche » et « clique » les yeux fermés. Chez Facebook, « à la section 2.1 de la déclaration » la propriété intellectuelle n’est pas respectée :
« Pour le contenu protégé par les droits de propriété intellectuelle […] vous nous accordez spécifiquement […] conformément à vos paramètres de confidentialité […] une licence non exclusive, transférable, sous-licenciable sans redevance mondiale pour l’utilisation des contenus […] Cette licence […] se termine lorsque vous supprimez vos contenus […] ou votre compte, sauf si votre compte est partagé avec d’autres personnes qui ne l’ont pas supprimé »
Tous les contenus sont concernés : une photo de vacances peut être utilisée pour une publicité, les contenus pédagogiques que des enseignants partagent, l’un d’entre eux voulant reprendre ses contenus. Google est en train de faire main basse sur le patrimoine des textes contenus dans les principales bibliothèques du monde… La France s’y est opposée pour son fonds, mais qui d’autre ? En droit français, il n’est pas possible de céder ses droits sans restriction, toute cession s’y pratiquant de façon « éclairée » et œuvre par œuvre. Alors qu’aux Etats-Unis cela se pratique, et les entreprises américaines cherchent à imposer au monde entier leur droit législatif. Des controverses publiques amènent Facebook à revoir ses clauses, question d’image.
Comment se prémunir ?
Tenir compte des paramétrages de confidentialité et enseigner ce type de réalités aux enfants ou aux personnes aisément abusables. Pourtant, même de grandes entreprises ne se préoccupent pas de ces problèmes et la sécurité de leurs systèmes internes est en danger. Les choses simples à retenir : prudence dans le choix de ses amis ; prudence vis-à-vis de sollicitations de contacts inconnus ; prudence des parents qui pourraient s’associer aux programmes de l’enseignement numérique de l’école, car l’école est le lieu propice à la discussion et à la découverte de solutions.
Réfléchir ! selon Serge Proulx : ne pas se laisser aller à la « tendance expressiviste » effervescente dans la société de l’information numérique. Comme les médias lourds vendent leur audience à des annonceurs lesquels travaillent pour de grandes entreprises, les RSN accaparent le travail des contributeurs naïf et vendent les données personnelles à des firmes industrielles ou de services. Un « capital » social et interhumain a été découvert, dégagé et monétisé par les géants de l’Internet.
DROIT DE REPONSE
Un droit de réponse est fourni aux deux débatteurs, pour corriger ce que l’un critique chez l’autre et inversement, mais la rubrique est une forme de renvoi dos à dos. Ils campent sur leur position, sauf si l’internaute peut choisir des éléments conciliables chez l’un et chez l’autre dans un dépassement fécond. Une conscientisation est-elle possible chez tous les internautes ?
1/ Eric Delcroix :
Proulx parle plus de Facebook que des réseaux sociaux en général. Le texte paraît « daté » : les « influenceurs » sont apparus dès les blogs, qui ne sont pas à proprement parler des réseaux. Même chose pour Google qui est un « moteur » à la base et qui, en plus, a du modifier sa ligne en fonction de la levée de boucliers des usagers. Les critiques des réseaux sont le plus souvent des critiques de l’Internet en général, où la navigation laisse des « traces » effectivement.
Mais pourquoi les médias traditionnels auraient-ils plus de légitimité que les réseaux ? Ces derniers sont en mesure de s’autoréguler et de nouveaux métiers comme celui de « curateurs » (veilleurs) répondent aux dérapages possibles. Quand à l’exploitation du travail : certes, contributeurs, curateurs sont bénévoles, mais au bout d’un certain temps de service, ils sont amenés à être sollicités pour des « tâches rémunérées ».
Proulx fait un raccourci entre blogs et courrier électronique : le blog ne sert pas à parler à plusieurs. Quant à Facebook, on y est maître de soi : le citoyen responsable y poste ce qu’il estime ne pas être intime. Ou alors il faut éduquer les ados. Encore que ceux de la génération Z (après la Y) savent ce qu’ils font… Pour la chronophagie : selon Delcroix, les internautes ne passent que 2 heures par jour sur les réseaux. Les ados, le reste du temps, « jouent » et cela relève de l’éducation par les parents d’abord. Danger et cybercriminalité ? Les réseaux n’y exposent pas plus que l’Internet en général. Pour Delcroix les réseaux sociaux ne sont pas des ennemis, ils nécessitent une grande campagne en direction des usagers : « Formons, éduquons, enseignons, guidons, alphabétisons » !
2/ Serge Proulx
Il estime que Delcroix écrit un texte du type blog « émaillé d’opinions et d’informations » enchevêtrées. Ce n’est pas un texte qui ressemble à un article scientifique en sciences humaines à partir de preuves contenues dans le résultat d’autres recherches traitant des corpus semblables.
Pourquoi réduire la communication interhumaine à un simple « contact » au détriment de l’ « échange » significatif ? Des chercheurs ont noté un désir de « déconnection » chez des usagers des réseaux à cause d’un sentiment de « trop plein », d’être écrasés par un diktat du « temps réel », du direct. Ce sentiment émane de « travailleurs et d’employés se situant dans les catégories inférieures de l’organigramme ». Ils sont requis de se tenir connectés en permanence, de pouvoir être joints à toute heure.
Il y a nécessité d’instaurer des filtres intelligents entre le réseau et l’acteur qui n’est pas sur un petit nuage : cloud computing, attention ! Le dispositif du nuage de données stockées dans des sites spécialisés est un retour possible au contrôle centralisé. Contrôle des contenus et des techniques dans les grands groupes. Par ailleurs le nuage de données externalisé peut subir des pannes (non accessibilité) ou même des bugs humains ou machinaux qui effaceraient des données… Génération Z ? Il se peut que certains jeunes – bien installés dans leur milieu socioprofessionnel – fassent un excellent usage des réseaux pour leurs études et se trouver du travail, mais les autres ? Ne sont-ils pas détournés de la conscience citoyenne et de l’intégration dans une société juste ?
La conclusion de Julie Denouël
Sa position de médiatrice l’empêche de prendre parti. Sont point de vue est que les réseaux « sont loin d’être neutres ». Il faut étudier l’ « écologie » de ces pratiques qui permettent de distinguer une appropriation d’outil ou une exclusion par manque d’éducation et parentale et scolaire (contexte sociopolitique, appartenances sociales, accès à la pratique, à la compétence et à la conscience). Il n’est pas possible de répondre clairement sur le fait que les réseaux sociaux sont des amis ou des ennemis de l’internaute. La formation serait un point d’accord, en différenciant « usages » et « utilisations », l’usage incorporant le contexte social et les pratiques logiques qui doivent en découler. La création de son « identité numérique » émane, logiquement d’une prévention, de conseils, d’un accompagnement à la réflexion. Cela rejoint « le programme de critique aux médias porté par l’UNESCO ».